le Mystère de Michaël

LA MISSION DE MICHAEL
 À    L'ÈRE     COSMIQUE DE   LA LIBERTÉ    HUMAINE



   Quand  on   s'approche, grâce à l'expérience spirituelle,
de l'agir de Michaël dans le présent, on trouve la possibi-
lité d'acquérir selon la science de l'esprit la lumière sur
l'essence  cosmique de la  liberté.
   Cette affirmation ne concerne pas  ma Philosophie de la
liberté. Celle-ci procède des seules forces de connaissance
purement  humaines,  lorsqu'elles peuvent se placer sur le
terrain de l'esprit. Pour accomplir l'acte de connaissance qui
est accompli là, on n'a pas encore besoin de cheminer  en
union avec des êtres d'autres mondes.   Mais on peut dire
que la Philosophie de la liberté prépare à connaître au sujet de
la liberté ce dont on peut ensuite vivre l'expérience dans le
cheminement    spirituel en union avec Michaël.
   Et voici ce dont il s'agit :
   Pour qu'il y ait véritablement une vie de la liberté dans
l'action humaine, ce qui est accompli  dans sa lumière ne
doit en aucune façon dépendre   de l'organisation physique
et éthérique de l'homme. « Ce qui est libre» ne peut être
accompli  qu'à partir du « moi» ; et le corps astral doit
pouvoir vibrer en harmonie  avec ce libre agir du moi afin
de pouvoir  le transmettre au corps éthérique et au corps
physique.  — Mais ceci n'est qu'un aspect de la question.
L'autre aspect devient transparent précisément en rapport
avec la mission de Michaël. — Ce qui est vécu par l'homme
dans la liberté ne doit pas non plus agir de quelque façon
que  ce soit sur son corps  éthérique  ou  sur son  corps
physique. Si cela se produisait, l'homme  ne pourrait que
dévier  entièrement de ce qu'il est devenu   au cours des
étapes de  son évolution sous l'influence de l'essence spiri-
tuelle-divine et de la manifestation spirituelle-divine.

120                             LES LIGNES    DIRECTRICES

   Ce  dont l'homme   vit l'expérience  par ce  qui n'est
qu' oeuvre spirituelle-divine autour de lui ne doit avoir d'in-
fluence que sur  son être spirituel (son moi). Seul  peut
avoir une influence sur son organisation physique et éthé-
rique ce qui dans le cours de l'évolution subsiste, non pas
autour de lui, mais à l'intérieur de son être propre, de ce
qui a eu son origine dans l'essence et la manifestation du
spirituel-divin. Mais cela ne doit aucunement mêler  dans
l'entité humaine son action à ce qui vit dans l'élément de
la liberté.
   Cela est seulement  possible par le  fait que  Michaël
transmet  à l'évolution, depuis les lointains du passé, quel-
que chose qui donne  aux hommes  un lien  avec le spirituel-
divin, qui dans le présent n'intervient plus dans la forme
physique  et éthérique. Par là se développe à l'intérieur de
la mission  de Michaël  le  terrain où  le   commerce  de
l'homme   avec le monde spirituel ne déborde   aucunement
sur le domaine   de la nature.
   C'est un spectacle qui élève l'âme que de voir comment
par  Michaël l'entité de  l'homme   est élevée jusqu'à la
sphère de l'esprit, tandis que la partie inconsciente, sub-
consciente qui se déploie en  dessous de  la sphère de la
liberté vient toujours plus profondément  se lier à ce qui
est matériel.
   La position que  l'homme occupe  vis-à-vis de l'essence
de l'univers lui paraîtra à l'avenir de plus en  plus in-
compréhensible  s'il ne consent pas à reconnaître qu'il a     4
des rapports, non seulement avec les êtres et les processus
de la nature, mais d'autres encore, comme ceux qu'il a avec
la mission de Michaël. — Les rapports avec la nature, on les
découvre  comme    quelque  chose   que l'on observe   de
l'extérieur ; les rapports avec le monde spirituel partent de
quelque chose  qui est pour ainsi dire un dialogue intérieur
avec une réalité essentielle à laquelle on s'est ouvert l'accès
en entrant dans une vision de l'univers conforme à l'esprit.

DE L'ANTHROPOSOPH1E                                     121

   Pour  pouvoir manifester  les impulsions  de la liberté,
l'homme  doit  donc être capable de  tenir éloignées de son
être certaines actions de la nature qui agissent sur son être
à partir du cosmos. Cet éloignement  que l'on produit ainsi
se déroule  dans le subconscient  lorsque  règnent dans  la
conscience les forces qui justement constituent la vie du moi
dans la liberté. Pour la perception intérieure de l'homme, la
conscience d'un agir dans la liberté est là ; mais pour les êtres
spirituels qui sont en relation avec l'homme à partir d'autres
sphères du  cosmos, il en va autrement. Voici ce que l'être de
la hiérarchie des anges qui est chargé de conduire l'existence
de l'homme  de vie terrestre en vie terrestre perçoit immédia-
tement  en présence  de l'action humaine libre :    l'homme
repousse loin de lui des forces cosmiques qui veulent conti-
nuer à le former, qui veulent donner à son organisation  du
moi  les appuis physiques  nécessaires, comme elles les lui
donnaient  avant l'époque  de Michaël.
   Michaël, être de la hiérarchie des archanges, reçoit ses
impressions   grâce à l'aide des êtres de la hiérarchie des
anges. Il se consacre de la façon décrite ici à la tâche d'ame-
ner à  l'homme, depuis la partie spirituelle du cosmos, des
forces qui puissent remplacer celles du monde  naturel  qui
ont  été refoulées.
   Il parvient à ce but  en  mettant son  activité dans  un
accord   absolument parfait avec le Mystère  du   Golgotha.
   C'est dans l'agir opérant du Christ au sein de l'évolution
terrestre que se trouvent les forces dont  l'homme a besoin
dans son agir à partir de la liberté pour équilibrer les impul-
sions naturelles refoulées. Mais pour  cela  l'homme   doit
alors mettre  effectivement  son âme  dans   cette   commu-
nauté intérieure de vie avec le Christ dont il a déjà été parlé
ici dans ces communications    sur la  mission  de Michaël.
   L'être humain sait qu'il est dans une réalité lorsqu'il se
trouve face au  soleil physique et qu'il en reçoit chaleur et
lumière.

122                                LES LIGNES   DIRECTRICES

   De même  il  doit vivre face au Soleil spirituel, au Christ,
qui a uni  son existence à l'existence de la Terre, et il doit
recevoir de lui comme un  don vivant en son  âme ce qui dans
le monde  spirituel  correspond à la chaleur et à la lumière.
   Il se sentira pénétré de la « chaleur de l'esprit » quand il
vivra l'expérience du «Christ en soi.» Se  sentant ainsi pé-
nétré du Christ, il se dira : cette chaleur dégage ton être
d'homme    des liens du  cosmos dans lesquels il ne doit pas
rester. Afin que tu acquières la liberté, l'être spirituel-divin
des origines a  dû te  conduire dans  des  régions où il ne
pouvait pas rester auprès  de toi, mais  où il t'a donné le
Christ afin que ses forces te confèrent à toi, homme libre,
ce que  l'être spirituel-divin des origines t'a donné jadis sur
la voie de la nature, qui était alors en même temps la voie
de l'esprit. Cette chaleur te reconduit vers le spirituel d'où
tu es issu.
   Quand l'être humain ressentira cela, l'expérience de la vie
dans  et avec le Christ et l'expérience de son humanité vraie
et authentique   grandiront et  s'uniront dans  une  intime
chaleur de l'âme. «Le Christ me donne ce  qui fait de moi un
être  humain.» Telle sera la tonalité profonde du sentiment
qui parcourra  l'âme de son souffle et de ses ondes. Et une
fois que ce sentiment  sera présent, alors seulement naîtra
aussi cet autre sentiment où  l'être humain se sentira grâce
au Christ élevé au-dessus de la simple existence terrestre :
quand il se sentira ne  faire qu'un  avec   l'environnement
stellaire de la Terre et avec tout le spirituel-divin que l'on
peut  connaître dans  cet   environnement  stellaire.
   Et il en sera de même de la lumière spirituelle. L'homme
peut  se ressentir pleinement dans  son  essence    d'homme
lorsqu'il se perçoit dans sa nature d'individualité libre. Mais
à cette possibilité est toutefois lié un obscurcissement. Le
spirituel-divin des origines ne répand plus sa lumière. Mais
dans la lumière que le Christ apporte au  moi de   l'homme,
la lumière des origines est de nouveau présente.  Dans  une

DE L'ANTHROPOSOPHIE                                     123

telle vie en communauté  avec le Christ, la pensée suivante
peut, telle un rayon  solaire, éclairer l'âme tout entière et
l'emplir de  félicité : l'immémoriale  et sublime   lumière
divine est de nouveau   présente ; elle brille, bien que son
éclat ne soit pas  du  domaine  de la  nature. Et   l'homme
s'unit dans le présent aux forces spirituelles cosmiques de
lumière des  temps passés, où l'homme   n'était pas  encore
une libre individualité. Et il peut dans cette lumière trouver
les voies qui conduisent de façon juste son entité  humaine
si, en pleine compréhension,  il s'unit dans son âme   à la
mission  de  Michaël.
  Alors  l'homme   éprouvera  dans  la  chaleur de l'esprit
l'impulsion qui le portera vers son avenir cosmique   d'une
façon telle qu'il puisse en cet avenir rester fidèle aux dons
Primordiaux  reçus de ses entités spirituelles-divines, bien
qu'au cours de son évolution  au sein de leurs mondes il ait
atteint la libre individualité. Et dans cette lumière spiri-
tuelle, il ressentira la force qui, le percevant, le conduira,
(loué d'une  conscience toujours plus  haute et plus vaste,
vers le monde  où, homme  libre, il se trouvera de  nouveau
avec les dieux  de ses origines.
    Vouloir persister dans l'existence des origines, vouloir
conserver la bonté naïve des Dieux telle qu'elle régnait aux
origines en l'homme   et reculer de frayeur devant le plein
usage de la liberté ne conduit en fin de compte    l'homme,
dans notre   monde présent où tout a été prévu pour que  sa
liberté se développe, qu'à Lucifer, qui veut que soit nié le
monde  présent.
  Capituler devant l'existence actuelle et laisser le champ
libre à la seule nécessité naturelle des mondes, accessible à
l'intellect, qui est indifférente à la bonté ; ne vouloir res-
sentir l'usage de la liberté que dans l'intellect ne conduit en
fin de compte  l'homme,  dans ce monde  présent où l'évolu-
tion doit être poursuivie dans des régions plus profondes de
l'âme, puisque la liberté règne dans les régions supérieures,

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qu'a Ahriman,  qui veut que le  monde  présent soit intégra-
lement  transformé  en  un   cosmos d'intellectualité.
   Dans ces régions où  l'homme sent  que spirituellement le
regard, quand il se tourne vers le monde extérieur, rencontre
Michaël et quand il se  tourne vers le monde  intérieur  de
l'âme, rencontre le Christ, grandit cette ferme assurance de
l'âme et de l'esprit par laquelle il pourra suivre ce chemin
cosmique sur lequel il trouvera, sans perdre ses origines, le
véritable  accomplissement de  son  avenir.
                        Goethéanum,    9  novembre    1924.


     Suite des lignes directrices publiées par le Goethe'anum
          à l'intention de la Société anthroposophique
   (en  rapport avec la présentation précédente de la mission
     de Michaël à l'âge cosmique de la liberté humaine)

   118. Un  acte libre ne peut être que celui auquel ne par-
ticipe aucun processus  naturel à l'intérieur ou à l'extérieur
de l'homme.

   119. Le pendant polaire de  cela est le fait que lors d'un
libre agir de l'individualité humaine est étouffé dans celle-
ci un processus de la nature qui serait présent dans le cas
d'un agir non libre et  donnerait alors à l'être humain  la
configuration  qui lui  est par  avance destinée  au   plan
cosmique.

   120. Cette configuration n'est pas dévolue selon la voie
de la nature à  l'homme qui en son être vit de la même  vie
que  celle du stade actuel de l'évolution cosmique   et  du
suivant. Elle peut devenir la sienne selon la voie de l'esprit
par le lien qu'il noue avec Michaël, par quoi il trouve aussi
la voie qui conduit  au Christ.