le Fantôme et le corps de la Résurrection
justement l'accomplissement de la religion des dieux, c'est-
à-dire aussi la réalisation des «éternels buts des dieux », alors
nous comprendrons le sens profond des mots:
«Exerce la voyance de l'esprit
Dans le calme des pensées
Où les buts éternels des dieux
Offrent
Au Je propre
Pour un libre vouloir
La lumière de l'essence des mondes»
(GA260, 25.12.1923).
Il est indiqué ici que «la lumière de l'essence des mondes»
du Christ est envoyée à l'homme par les «buts éternels des
dieux»
pour qu'il puisse trouver une relation consciente au
Corps de Résurrection du Christ, qui garantit au Je propre,
individuel, la liberté du vouloir non seulement sur terre, mais
surtout dans le monde spirituel. En
ce sens, la «voyance de
l'esprit» témoigne de ce que le Corps de Résurrection lui-
même ne peut être vu que de façon purement spirituelle (libre de
toute sensorialité), autrement
dit, dans le sens du penser pur,
libéré du corps, tel que celui-ci est décrit dans La philosophie
de la liberté. Car rien de ce qui, en quelque façon, est encore lié
aux perceptions sensorielles
ne peut ni ne doit s'approcher de
la réalité de la Résurrection (du Corps de Résurrection).
De même, il est particulièrement significatif que Rudolf
Steiner désigne
cette « religion des dieux» ou «le but des dieux
des mondes» (GA 153, 10.4.1914) comme un temple spiri-
tuel que chaque homme voit dans le monde spirituel avant
son
incarnation, comme le but de son développement sur
terre. L'atteinte de ce but ne lui est cependant possible que
par le lien au Corps de Résurrection du Christ. Ce dernier
l'indique par ces
mots: «Détruisez ce temple, et en trois jours
taie montt4j
je le relèverai. » Et l'évangéliste remarque; «Mais lui
parlait du
temple de son corps » (Jean 2,19 et 21). Et puisque le Christ
appelle son corps physique un temple, l'apôtre Paul est en
droit, après le Mystère du Golgotha, d'appeler temple
le corps
de tout homme; « Ne savez-vous pas que votre corps est le
temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de
Dieu» (1 Cor 6,19). Après la
Résurrection, chaque homme
porte en lui la possibilité de se relier au Corps de Résurrection
du Christ. Par la Parole de la Pierre de Fondation, ce lien peut
être établi en pleine
conscience et, par la méditation de cette
Parole, la construction intérieure du temple spirituel peut être
vécue jusque dans le corps physique.
cet endroit,
il est nécessaire de rendre attentif à la dif-
férence qui existe entre ce que Rudolf Steiner nomme le
Fantôme dans le cycle de conférences De Jésus
au Christ, et le
Corps de Résurrection que la Parole de la Pierre de Fondation
nous conduit ici à saisir." Tout au long du cycle évoqué,
Rudolf Steiner dit au sujet du
Fantôme qu'il est la restauration
de la forme spirituelle originelle du corps physique, corrom-
pue par la Chute de l'homme. Cette forme suprasensible est
apparue sur l'ancien Saturne par le sacrifice des
Trônes et a été
développée par les différentes Hiérarchies au cours des éons
de l'ancien Saturne, de l'ancienne Lune et depuis le début de
la Terre. Il s'ensuit
que l'homme, grâce à la restauration du
Fantôme, a été de nouveau réuni à l'origine cosmique de son
évolution sur l'ancien Saturne et par là à l'origine
primordiale
de son Je. Car on ne peut connaître la vraie relation du Je au
corps physique, et par conséquent l'énigme de la conscience
de soi, que si l'on suit à rebours l'évolution
du monde jusqu'à
l'ancien Saturne. « Qui veut apprendre à connaître le Je dans
son monde propre doit pouvoir concevoir un monde comme
celui de l'ancien
Saturne» (GA 132, 31.10.1911). De cette
façon, la réalité de la Résurrection s'étend jusqu'à l'ancien
Saturne ou jusqu'à ce qui dans l'Apocalypse est appelé
l'alpha
de l'évolution du monde.
À ce premier aspect de la Résurrection s'ajoute le second,
lié à l'avenir. L'oméga de l'évolution du
monde s'étendra
jusqu'à la future phase planétaire de Vulcain, en passant par
les degrés de développement de Jupiter et de Vénus. Ces deux
aspects considérés
simultanément rendent la vraie significa-
tion de cette parole: «Je suis l'alpha et l'oméga, le commence-
ment et la fin » (Apoc. 1,8). Cela veut dire que le Mystère du
Golgotha en
tant qu'apparition du principe le plus élevé du
«Je suis» dans l'évolution de la Terre embrasse tout le dévelop-
pement du monde depuis l'ancien Saturne (alpha)
jusqu'au
futur Vulcain (oméga).
En ce qui concerne cette parole, Rudolf Steiner dit dans une
conférence ultérieure tenue après le Congrès de Noël: «À tra-
vers
le "Je suis l'alpha et l'oméga" de l'Apocalypse est désigné
ce que l'homme sera à la fin de l'éon de Vulcain. À la fin du
développement de Vulcain l'homme aussi
pourra dire: Je suis
l'alpha et l'oméga.» Mais au centre de cette évolution cosmique
se trouve le Mystère du Golgotha. Et sur cette voie Rudolf
Steiner poursuit: «Regardons le
Mystère du Golgotha à par-
tir de ce que nous avons conçu comme début, milieu et fin de
l'évolution de l'humanité. Nous avons là, à peu près à
la moi-
tié du temps cosmique (entre Saturne et Vulcain) du dévelop-
pement humain, cette entité qui s'est incarnée en Jésus par le
Mystère du Golgotha, située
au niveau de l'évolution cosmique
au degré où se trouvera l'homme à la fin du développement de
Vulcain. Nous avons là l'entité en tant que dieu, que l'homme
sera en tant
qu'homme à la fin du développement de Vulcain»
(GA 346, 7.9.1924).12Par-là n'est pas seulement désigné le
Fantôme, dont l'essence remonte à
l'ancien Saturne, mais
aussi et surtout le Corps de Résurrection, qui représente le
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ille 111011(1,,
futur état de Vulcain. Il ne s'agit
pas de l'éon de Vulcain en
tant que tel mais avant tout de sa « fin » c'est-à-dire du passage
aux degrés ultérieurs de l'évolution, degrés qui se dérobent à
toute caractérisation
en mots du langage humain et vers les-
quels pourtant le Christ conduira les hommes. '3
Rudolf Steiner caractérise l'état de Vulcain lui-même dans
la même conférence
ainsi : «En assimilant peu à peu tout ce
qui est monde et en l'unissant à tout son être jusqu'à ce qu'un
jour, sur Vulcain, il ait uni à lui la totalité du monde, ce grand
Tout
auquel il appartient, l'homme sera celui qu'il était au
début du développement de Saturne et l'ensemble du monde.
Il sera l'alpha et l'oméga, l'homme et, réuni
en lui, tout ce
qui est monde». Steiner ajoute que dans l'état de Vulcain on
«enclôt en soi la totalité du monde divin». Ainsi est exprimé
le fait que l'homme sur Vulcain
assimilera dans son propre
être jusque dans les trois systèmes de son corps physique trans-
formé, prédisposé sur l'ancien Saturne, tout le cosmos mais
aussi et surtout «tout
le monde divin » c'est-à-dire le monde
complet des neuf Hiérarchies et des forces de la sainte Trinité
agissant à travers celles-ci. Nous touchons de nouveau au
contenu
de la Parole de la Pierre de Fondation dans laquelle
s'exprime l'essence du Corps de Résurrection.
Ici, il est nécessaire d'indiquer encore une fois la différence
et la concordance entre Fantôme
et Corps de Résurrection
(selon le point de vue dont on les considère), car les deux mani-
festent la même réalité, le Fantôme se rapportant à l'aspect
passé,
lié à l'ancien Saturne, et le Corps de Résurrection se
rapportant à l'aspect futur qui s'étend jusqu'au futur Vulcain
et même au-delà.14
Dans le cycle De Jésus
au Christ, Rudolf Steiner indique éga-
lement cet aspect lié à l'avenir : «Car l'important n'est pas ce que
le Christ Jésus a enseigné mais ce qu'il a donné à l'humanité. Sa
résurrection
est la naissance d'un nouveau membre de la nature
humaine : un corps incorruptible» (GA131, 11.10.1911).
- 23 -
Ainsi, par le Mystère du Golgotha, ne s'agissait-il pas sen
d'une restauration (Wiederherstellung) du Fantôme mais s
de la création, de la naissance de quelque chose d'absoli
nouveau que
Rudolf Steiner appelle ici «corps incorrup:
Dans ce contexte, Rudolf Steiner dit du Fantôme : « Ce qu
été conçu pour l'homme par les Maîtres [Hiérarchies] de
cien] Saturne,
[de l'ancien] Soleil et de [l'ancienne] Lun.(
élevé hors du tombeau: le Fantôme pur du corps physique
toutes les propriétés du corps physique». Par-là est claires
rendu attentif à
l'aspect passé du Fantôme. Puis un peu
loin dans la même conférence : «Ce qui alors [après la Ch
lui [à l'homme] a été pris à cause de l'influence luciférienne
lui être rendu par le fait que c'est présent en tant que corps
suscité du Christ». De ces paroles aussi il ressort qu'une d
ayant existé sous une forme pure dans un passé primordi:
été perdue par l'homme et lui a été ensuite « rendue» dam
pureté et sa forme originelles grâce aux actes du Christ (GA 1.
10.10.1911).
D'autre part, la relation
du Corps de Résurrection à l'a
nir le plus éloigné de l'humanité et de la Terre, à Vulcain
même à ce qui lui succédera ressort des résultats suivants cic
recherche
spirituelle de Rudolf Steiner. Celui-ci décrit le pass:
du futur vulcain au système cosmique suivant par ces ma
« Dans le développement de Vulcain, toutes les entités qui pc
ainsi
dire ont émergé des modestes débuts de l'existence sui
nienne sont au sens suprême spiritualisées ; ensemble, elles
sont pas seulement devenues Soleil mais Supra-Soleil. Vulc:
est plus que Soleil
et il a ainsi atteint la maturité du sacrifice
maturité capable de s'auto-dissoudre » (GA 110, 14.4.1909-1
Rudolf Steiner décrit ainsi le sacrifice qui conduira de Vulc:
au degré suivant de l'évolution
cosmique : d'abord le Soleil, c
s'est élevé au degré de « Supra-Soleil», réintègre ses plan
[et] devient Vulcain. Puis l'ensemble se dissout et, ensui
la sphère de Vulcain devient
une sphère creuse. [...] Da
- 24 -
!!! I. it'rda menti!a`
[Supra-] Soleil se dissoudra, se sacrifiera en s'extériorisant
ms l'univers, rayonnera son entité. [...] Cela veut dire que,
,rsqu'un soleil en est
arrivé au point oit il a réintégré ses pla-
tes, il devient périphérie, il devient lui-même un [nouveau]
xliaque » qui peut «créer et engendrer à partir de
lui-même
n nouveau système solaire». Car les entités qui ont formé le
ouveau zodiaque se sont «élevées au grand service sacrificiel
osmique».
Le germe d'une telle métamorphose grandiose, qui consis-
era un jour en le renversement du point en périphérie, a été
)osé comme fondement
pour l'avenir au Tournant des Âges.
2e1a a eu lieu par le fait que, au milieu de l'éon terrestre, le
Verbe cosmique lui-même est venu sur la Terre (« Et le Verbe
2.st devenu chair», Jean 1,14).
À partir de l'infinie périphé-
rie de son activité créatrice de mondes, il s'est concentré en
un point, en le corps de Jésus de Nazareth. Dans ses confé-
rences sur
le Cinquième Évangile, Rudolf Steiner dit à ce
sujet : «L'entité solaire macrocosmique [du Christ] se forme
d'après la taille du microcosme humain, se presse et
se serre,
se comprime de plus en plus, si bien qu'elle devient toujours
plus semblable au microcosme humain. [...] L'entité du
Christ devait sentir la force et la puissance
du dieu se déro-
ber toujours plus, pendant qu'elle devenait toujours plus
semblable au corps de Jésus de Nazareth. Le dieu est devenu
peu à peu un homme» (GA
148, 3.10.1913). Rudolf Steiner
ajoute dans la même conférence : «A partir de quoi l'exis-
tence terrestre du Christ a-t-elle grandi ? Elle a grandi à par-
tir de la plus profonde
souffrance, à partir d'une souffrance
qui dépasse tout ce que la pensée humaine peut imaginer
comme souffrance.»
En ce qui concerne les souffrances
du Christ Jésus pendant
sa Passion, les recherches de Rudolf Steiner dans le domaine
du Cinquième Évangile nous mènent dans une tout autre direc-
tion que ce que l'on s'imagine généralement.
Les plus grandes
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souffrances du Christ n'étaient
pas celles de l'homme Jésus, que
tout homme peut comprendre, mais celles qui dépassent de loin
toutes les dimensions concevables. Selon le Cinquième Évangile,
ces souffrances énormes étaient
liées surtout au processus par
lequel l'esprit cosmique du Christ est devenu homme. Rudolf
Steiner décrit ce processus comme une «compression» infinie,
une « contraction »
de son être divin jusqu'à l'union totale avec
le corps de jésus de Nazareth, pendant que parallèlement il res-
sentait sa puissance divine disparaître progressivement.
Afin d'acquérir une
meilleure compréhension, on pourrait
s'aider de l'image suivante : imaginons que le Soleil, avec toute
la puissance cosmique par laquelle il maintient et coordonne
l'ensemble du système solaire,
pénètre tout entier dans l'espace
étroit, comparativement minuscule, d'un corps humain. Et
pourtant cette image, qui pour notre faculté pensante est déjà
inconcevable,
n'évoque la réalité que de très loin. Car en le
Christ ce n'est pas seulement le Soleil spirituel qui est devenu
« chair » mais une entité qui dépasse infiniment l'ensemble de
la
sphère du Soleil.
Parallèlement, un autre processus s'est déroulé qui pour
le Christ a été la source d'une souffrance encore plus grande.
Rudolf Steiner décrit
cette situation par les paroles suivantes : « Il
ne serait pas juste de concevoir que le corps que le Christ habi-
tait, disons un an et demi après le baptême dans le Jourdain, était
semblable à tout
autre corps. Il était tel qu'une âme humaine
commune l'aurait immédiatement senti tomber de soi parce
qu'il n'était maintenu et coordonné que par la puissance macro-
cosmique
de l'entité du Christ. Ce fut une mort continue, lente
et progressive, s'étendant sur trois années. Et lorsque le Mystère
du Golgotha s'est accompli, ce corps était parvenu à la limite de
la
décomposition» (GA130, 9.1.1912).
Il ressort ainsi du contenu du Cinquième Évangile qu'à
Gethsémani le Christ ne luttait pas contre la peur d'un destin
assumé librement. Il ne luttait pas non plus contre la peur de
la mort, peur que tout homme éprouve devant une mort en
martyr. Il luttait contre la mort elle-même, c'est-à-dire
contre
les puissances ahrimaniennes agissantes dans son corps qui
cherchaient à l'arracher, à l'entraîner prématurément dans le
monde spirituel avant qu'il ait pu accomplir
sa mission dans
l'humanité, à savoir restaurer, rétablir le Fantôme pour chaque
être humain. Car, au moment de la Passion, les forces du
Fantôme
rétabli, restauré, avaient abandonné presque complè-
tement la matière du corps. Et le Christ a dû maintenir, coor-
donner à partir de ses propres forces cette matière qui n'était
plus maintenue par le Fantôme. Crucifié non seulement sur •
la croix mais bien plus attaché au cadavre de son corps phy-
sique qui se décomposait, il a
dû souffrir cela dans des dou-
leurs inconcevables et le supporter jusqu'au dernier mot sur la
croix : «Tout est accompli» (jean 19,30).
Emil Bock rapporte à ce sujet: «Ce qui
doit être porté et
accompli exige de l'enveloppe terrestre [de Jésus] encore tant de
force que le danger d'une mort prématurée apparaît. La puis-
sance ahrimanienne
aux aguets veut utiliser cet instant. Luc,
qui est médecin, décrit ce qui se passe en paroles exactes. C'est
la faute des traductions traditionnelles si la scène, faussement
humanisée, a fait l'objet d'un
malentendu. Là où Luther traduit:
"Et il advint qu'il lutta avec la mort, et il pria plus intensément"
(22,44), le texte dit littéralement: "Lorsqu'il entra en agonie."
Au sens de la technique médicale,
le combat avec la mort com-
mence déjà. Quand Luc ajoute: "Il suait des gouttes de sang qui
tombaient à terre", il donne le symptôme exact de l'agonie» (E,
Bock, Les trois années,
chapitre «Le Vendredi saint»).
Le Cinquième Évangile et les recherches de Rudolf Steiner
aspirent à nous rendre compréhensible non pas une humani-
sation de la véritable souffrance du Christ Jésus sur le chemin
de sa Passion, mais sa dimension véritablement surhumaine.15
Car c'est seulement parce que le Christ a parcouru jusqu'au
bout
cet inconcevable chemin de souffrance qu'a pu succéder
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Derniers commentaires
Bonjour,
je découvre votre site d'une richesse incroyable.
Je ne sais pas qui est derrière toutes ces informations et suis intéressée à savoir.
Je vous remercie d'avance pour v
Cordialement,
M.Jaccard
très riche... découverte des deux réalités jusque à l'intérieur de la Terre... je le relierai dans quelques jours...
je découvre
la science spirituelle ne donne pas du "petit lait" elle permet d'avancer sur un chemin spirituel, en "autonomie", "individuellement", ce qui nécessite beaucoup de travail personnel...