la Vie après la mort (suite) 2° conférence

LA VIE APRES LA MORT

 

 

 

Deuxième Conférence/ : 24 mai 1924.

 

 

Je me suis efforcé, hier, de montrer comment l’homme, en franchissant les portes de la mort,  fait ses toutes premières expériences de la sphère suprasensible où sa vie va dorénavant se dérouler.

J’ai montré comment l’homme séjourne durant un certain laps de temps dans ce qu’on peut appeler

la région lunaire, et comment, dans cette région lunaire, il entre en rapport avec des Entités qui furent autrefois liées à la Terre. Ces Entités ne possédaient pas sur la Terre un corps physique, mais un corps éthérique, et, sous cette forme, elles étaient les Instructeurs de l’humanité originelle. Elles ont inspiré à l’humanité cette sagesse profonde qui fut primitivement son apanage et qui s’éteignit peu à peu. Lorsque la Lune physique se détacha de la Terre, ces Entités s’éloignèrent également de notre globe, leur existence se poursuit actuellement sur la Lune. L’homme se trouve réuni à elles lorsqu’il a franchi les portes de la mort et que se produit cette vision rétrospective dont il a été question hier, vision d’une réalité beaucoup plus intense que tout ce que l’homme a réellement éprouvé durant sa vie terrestre.

J’ai déjà indiqué que l’homme, après avoir séjourné suffisamment longtemps dans la région lunaire, passe dans la région de Mercure. Là, il rencontre des êtres qui le conduisent plus avant et l’introduisent dans une sphère de l’univers où résident de toutes autres entités que sur la terre.

Pourtant, l’homme appartient à cette sphère de l’univers, entre la mort et une nouvelle naissance, comme il appartient durant sa vie terrestre à la sphère et à l’activité de la Terre.

Permettez que je poursuive la petite esquisse que j’avais commencée hier. Partons de ce fait que l’homme, lorsqu’il traverse la mort, et pendant un laps de temps extrêmement court, se sent étroitement mêlé à la vie des Éléments : à la terre, à l’eau, à l’air, au feu. Tout ce qui nous apparaît sur la terre sous l’aspect de substances différenciées, de métaux ou d’autres matières, tout cela s’évanouit au moment de la mort. Les matières solides constituent alors la « terre », les matières liquides sont « eau » les matières gazeuses sont « air », et tout ce qui manifeste de la chaleur est « feu ». C’est dans cette quadruple différenciation que vit l’homme à l’instant de la mort. Puis il passe dans la région que j’ai définie hier comme étant celle de l’intelligence cosmique. Des pensées cosmiques la traversent et l’animent. L’homme pénètre dans cette région, mais il y séjourne peu de jours. Il accède à la région lunaire que j’ai décrite, et de là il passe à la région de Mercure. Qu’on me permette de résumer encore une fois cette esquisse : la région des éléments, la région de l’intelligence cosmique, puis l’homme atteint la sphère des astres, tout d’abord celle de la Lune, puis celle de Mercure.

 

Essayons, maintenant, de nous représenter de quelle manière la vie de l’homme désincarné, tout d’abord dans la sphère lunaire, peut influencer sur son karma ultérieur ; c’est une chose que j’ai déjà indiquée hier. Voici ce qu’il en est. Lorsque l’homme meurt, il a accompli durant sa vie terrestre des actes qui sont tantôt bons, tantôt mauvais. C’est avec la somme de tous ces actes qu’il se présente devant les Entités que nous pouvons nommer les Entités Lunaires, et dont il a été question hier. Ces Entités exercent un jugement sévère, un jugement cosmique. Elles décrètent de la valeur qu’a eue chaque action en regard de l’économie universelle, elles déterminent à quel point chaque bonne et chaque mauvaise action a compté dans l’univers . et il se trouve alors que l’homme est obligé d’abandonner dans la région lunaire tout ce par quoi il a nui au Cosmos, tous les effets de ses mauvaises actions. Par conséquent, il est obligé d’abandonner toute une partie de lui-même. Car, représentons-nous bien que l’homme constitue, beaucoup plus qu’on ne le croit, une unité dans laquelle sont comprises toutes les actions qu’il accomplit. Abandonner le mal que nous avons commis, c’est nous séparer d’une partie constitutive de notre être. En fait, nous ne pouvons sortir de

la région lunaire qu’avec le bien que nous avons accompli vis-à-vis du Cosmos. Notre être se trouve donc mutilé lorsque nous sortons de cette région et d’autant plus mutilé que nous avons assimilé plus de mauvaises pensées. Nous devons dans la région de la Lune laisser de nous-mêmes une partie d’autant plus grande que nous avons causé plus de dommage dans l’univers.

Pour étudier le cours ultérieur de l’existence que mène l’homme entre la mort et une nouvelle naissance, prenons en considération ce qui suit : l’homme, tel qu’il est sur la Terre, est constitué par des systèmes bien différenciés. La région de la tête est plus perfectionnée, dans une certaine mesure, que les autres parties de son corps. Dès la vie embryonnaire, avant la naissance, la tête se développe d’une manière relativement parfaite, tandis que le reste du corps demeure imparfait. Cette différence se maintient, en un certain sens, pendant toute la vie terrestre. La région la plus achevée du corps humain, c’est celle de la tête. Or, il arrive précisément que ce qui reste de la tête de l’homme, après la mort, l’extrait spirituel de la tête, se perd pour ainsi dire, disparaît au cours du passage dans la région lunaire.

Il faut, en ceci, bien me comprendre : la matière physique de la tête tombe en poussière avec le cadavre, mais, dans la tête, il n’y a pas que de la matière physique, il y a les forces qui construisent et animent le corps physique, des forces suprasensibles. Celles-ci se maintiennent au-delà des portes de la mort. La connaissance imaginative permet de les distinguer, elles constituent alors la forme spirituelle de l’homme. De cette forme spirituelle, la tête est en voie de disparition ; ce qui reste, à proprement parler, ce qui peut être mutilé par suite des mauvaises actions commises, c’est toute la région de la forme humaine qui se trouve en dehors de la tête. Cette région est plus ou moins complète à son entrée dans la sphère de Mercure, si l’homme a été principalement bon, mais elle est considérablement mutilée si l’homme a été mauvais. Notre existence se poursuit alors à l’aide des forces qui nous restent. À ce moment, une tâche très importante revient aux Entités spirituelles de la sphère de Mercure.

Car cette forme humaine, cette forme sans tête — qu’on me pardonne cette expression — se trouve alors en présence de ces Entités qui n’ont jamais revêtu de corps humain. L’homme, à ce moment, ne porte plus avec lui ses souillures morales puisque celles-ci ont été abandonnées dans la région de la Lune, mais il porte les effets des maladies, des états de santé qu’il a subis durant son existence terrestre. C’est là une chose très importante et très significative, une chose qui surprend et

frappe au plus haut point celui qui en fait l’expérience. L’être humain a été purifié de ses souillures morales, dès la région de la Lune, mais il est obligé de porter avec lui, jusque dans la région de Mercure, les résultats spirituels de toutes ses maladies. Là, des Entités qui n’ont jamais été des hommes, libèrent l’être humain de ce fardeau. C’est un fait qu’il nous faut étudier attentivement.

Les maladies, en tant que résultats spirituels, sont effacées de l’être humain au cours de son passage dans la sphère de Mercure.

Lorsque nous traversons cette étape, nous commençons à comprendre combien le physique et le moral s’interpénètrent dans le monde des astres, qui est à proprement parler le monde des dieux. Les souillures morales ne peuvent entrer dans le monde spirituel, elles restent, pour ainsi dire, en deçà de son seuil, dans la région lunaire qui est particulièrement proche de l’homme parce que ses habitants ont vécu parmi nous. Mais les habitants de Mercure n’ont jamais vécu sur la terre.

Ce sont eux qui se chargent des maladies de l’homme ; ces dernières s’écoulent alors, pour ainsi dire, dans le Cosmos spirituel, leurs résultats suprasensibles sont comme aspirés par l’étendue de l’univers, se précipitent au sein de cette étendue et y sont absorbés avec une sorte de bien-être.

L’être humain qui fait cette expérience, entre la mort et une nouvelle naissance, reçoit pour la première fois une impression purement spirituelle qui s’offre à lui avec autant de réalité que les impressions terrestres. De même qu’ici, sur la Terre, nous éprouvons le vent, l’éclair, le ruissellement des eaux ; dans cette région de Mercure, nous assistons à l’écoulement spirituel des effets de nos maladies, nous les voyons aspirés par les Êtres spirituels, et le sentiment qui s’éveille en nous peut s’exprimer comme suit : maintenant, o dieux, vous avez reçu compensation... Je fait seulement allusion à ces choses, demain, nous y reviendrons avec plus de détails ; et nous verrons comment les dieux peuvent être, en quelque sorte, réconciliés avec l’homme par le fait que tout le mal accompli sur la terre, et que tous les effets des maladies terrestres se répandent après la mort dans l’étendue du Cosmos spirituel.

Il y a là une notion de toute importance relative à la vie que mène l’être humain entre sa mort et une nouvelle naissance. Les réalités de cette espèce ont été connues autrefois des hommes.

Ce fut au temps où vivaient sur la Terre les grands Instructeurs originels qui devinrent ensuite les Entités Lunaires. On savait bien alors que la vérité concernant la nature des maladies ne peut être enseignée à l’homme que par l’intermédiaire des Entités de Mercure. C’est pourquoi tout l’art de guérir, toute la science médicale, était secrètement gardé par des Mystères spéciaux, les Mystères de Mercure. Dans ces Mystères, on n’avait pas en face de soi pour maîtres des hommes comme on en a dans nos universités actuelles. C’étaient, en réalité, des êtres spirituels descendus de la région des astres qui agissaient à travers le culte pratiqué dans ces Mystères. Les dieux eux-mêmes étaient alors les Instructeurs des hommes, et l’ancienne médecine ne fut tout d’abord que la sagesse directement apportée par les Entités de Mercure. Elle était considérée par les hommes comme un présent des dieux. De nos jours encore, au fond, tout ce qui, dans notre thérapeutique est réellement fécond, provient de ces époques anciennes, apparaît comme le reflet suprême de ce qu’ont enseigné les dieux de Mercure. La science médicale à venir devra être retrouvée par des méthodes qui remettront les hommes en contact avec les dieux, qui leur permettront de se faire instruire à nouveau par les dieux. La sagesse antique est supplantée et évanouie. Une nouvelle sagesse, fondée à nouveau sur un entretien de l’homme avec les dieux, doit être trouvée. C’est la tâche que s’impose l’Anthroposophie dans les domaines les plus divers.

De la région de Mercure, l’homme passe à la région de Vénus. Les Entités qui s’y trouvent sont encore beaucoup plus distantes des êtres terrestres que les habitants de Mercure. Ce que l’homme apporte de lui-même, jusque dans la région de Vénus, ne peut continuer son ascension qu’après avoir été transformé par les Entités de cette planète. Ceci entraîne pour l’homme, à son entrée dans la région de Vénus, une plongée dans un élément tout différent de ceux parmi lesquels il vivait jusqu’alors. Pendant notre vie terrestre, une grande importance s’attache à tout ce que nous possédons en fait d’idées, de concepts, de représentations. Que serait l’homme sur la terre s’il n’avait pas ses idées et ses représentations ? Les pensées qui sont capables de soutenir notre existence humaine sont à nos yeux d’une inestimable valeur. C’est parce que nous avons des pensées d’une certaine exactitude que l’on peut nous attribuer quelque intelligence, et, de nos jours, l’intelligence est une chose primordiale. Presque tous les hommes de nos jours ne sont-ils pas intelligents ! Il n’en a pas été toujours ainsi. Mais, à notre époque, c’est un fait, et il est permis de dire que toute l’existence terrestre dépend du fait que les hommes ont des pensées.

La technique grandiose actuelle est issue de pensées humaines, et tout ce que l’être humain réalise de bon ou de mauvais a été engendré, en dernière analyse, par la pensée. Or, elle continue à faire valoir son importance dans la région lunaire, car les Entités de cette région jugent de la manière dont nos actions, bonnes ou mauvaises, sont issues de nos pensées. Les êtres de la région de Mercure jugent également, d’après des pensées, les maladies qu’ils ont à éliminer de l’homme.

Mais c’est là que se trouve, en un certain sens, la limite au delà de laquelle tout ce qui rappelle l’intelligence humaine perd sa signification.

Dès qu’on passe dans la région de Vénus, on voit régner uniquement ce dont nous connaissons le reflet terrestre sous le nom d’amour. L’amour y succède, pour ainsi dire, à la sagesse.

On entre dans la région de l’amour, et c’est seulement dans la mesure où l’amour le guide que l’homme peut être mené plus avant pour se transporter de la sphère de la sagesse jusqu’à l’existence solaire.

Une question s’élève sans doute en vos âmes. De quelle manière l’homme terrestre peut-il avoir l’expérience de ces choses ? Vous avez certainement lu, dans celui de mes livres qui a été traduit en français sous le titre : l’Initiation, la description que j’y ai faite de certains exercices psychiques. Vous savez que, grâce à ces exercices de l’âme, l’homme arrive progressivement à des expériences d’ordre spirituel. Tout d’abord, lorsqu’on acquiert la connaissance imaginative, on revoit spirituellement sa vie entière comme en un vaste tableau. Cette expérience qui est naturelle après la mort, on la fait, à un moment donné de sa vie, par l’effet de l’Initiation. Mais, ensuite, à mesure qu’on se rapproche de la connaissance appelée Inspiration, quelque chose transparaît à travers le tableau rétrospectif de notre vie, quelque chose qui est de toute importance. À vrai dire, on ne peut parler de l’ensemble de ces Mystères que lorsqu’on est arrivé à un certain âge. On peut être initié à tout âge, mais pour acquérir une connaissance personnelle de tout cet ensemble de mystères cosmiques, il faut avoir atteint un âge donné. En Voici la raison : lorsqu’on contemple rétrospectivement le tableau de sa vie, celui-ci se compose de périodes successives dont chacune embrasse sept années. On revoit tout d’abord, une période qui s’étend de la naissance jusqu’à la septième année environ. Puis une seconde période qui s’étend de la septième à la quatorzième année. Puis une troisième qui s’étend de la quatorzième à la vingt-et-unième année. Vient ensuite une seule période qui va de la vingt-et-unième à la quarante-deuxième année. Enfin trois dernières périodes : l’une de la quarante-deuxième à la quarante-neuvième, l’une de la quarante-neuvième à la cinquante-sixième, l’autre de la cinquante-sixième à la soixante-troisième année. On revit ces périodes l’une après l’autre.

Durant la première, on revit tout ce qu’on a éprouvé jusqu’à l’âge de la seconde dentition.

Comme à travers un nuage, on voit paraître à travers chacune de ces périodes de vie, les Mystères du monde, les Mystères cosmiques. Durant la première, qui va de la naissance à la septième année, on aperçoit ainsi, lors de la vision rétrospective, les Mystères de la Lune. Lorsqu’on considère ce qui a lieu réellement durant cette période de vie, on y voit transparaître, comme le soleil à travers un nuage, les Mystères cosmiques. Ils transpercent le corps éthérique, on les aperçoit au-delà de ce corps.

Ce que je vous ai dit aujourd’hui, au sujet de l’abandon des souillures morales, des mauvaises actions, ce que je vous ai dit des Entités Lunaires, tout cela se trouve réellement écrit au livre de vie le long des sept premières années de notre existence. Pour connaître ces secrets, il suffit de jeter sur sa propre enfance le regard de l’Imagination, de l’Inspiration et de l’Intuition. On s’aperçoit alors que la vie a sept chapitres successifs. Dans le premier chapitre qui embrasse notre petite enfance, se trouvent les Mystères de la Lune. Dans le second chapitre qui embrasse notre vie à partir de la seconde dentition jusqu’à la puberté, se trouvent les Mystères de Mercure. C’est la période que les enfants passent à l’école, et il est bien connu des médecins que c’est une époque relativement plus saine que les autres, l’époque où la mortalité atteint un certain minimum par rapport à la mortalité générale de l’humanité. Derrière cette période apparaissent les Mystères de Mercure, de sorte que si quelqu’un pouvait être initié à 18 ans, ce n’est guère possible, mais admettons-le un instant, cet initié à 18 ans pourrait contempler dans son Initiation les Mystères de la Lune et ceux de Mercure.

Lorsqu’étant parvenu à un âge plus avancé, on contemple rétrospectivement le déroulement de sa vie, de 14 à 21 ans, on voit se révéler tout ce qui, dans le Cosmos, représente les Mystères de

Vénus. C’est l’époque où apparaît dans l’être humain la possibilité de l’amour physique. Et cette époque dans le Livre de vie, porte la révélation des Mystères de Vénus, tels qu’ils règnent dans l’univers. La période qui vient ensuite, de 21 à 42 ans, est trois fois plus longue que les précédentes.

Cette période, lorsque nous la revivons, nous dévoile les Entités et les Mystères du Soleil. Pour les connaître, il faut donc avoir vécu au-delà de 42 ans. On peut alors contempler rétrospectivement cette période de vie au travers de laquelle transparaissent les Mystères du Soleil. Puis, si l’on est devenu plus vieux, si l’on peut tourner son regard vers la période de vie qui s’étend de 42 à 49 ans, alors se révèlent les Mystères de Mars. Pour accéder aux Mystères de Mars, il faut, par conséquent, avoir dépassé la quarante-neuvième année. On peut être initié plus tôt, mais on ne saurait entrer dans les Mystères de Mars tant que l’on n’est pas assez âgé pour se retourner vers la période en question. Lorsqu’on a dépassé la cinquante-sixième année, on peut se retourner vers les Mystères de Jupiter. Et, lorsqu’on a dépassé la soixante-troisième année, on reçoit du Conseil des dieux la permission de révéler aussi les Mystères de Saturne. Il m’est aujourd’hui possible d’en parler.

À mesure que s’écoule l’existence qui conduit l’être humain de la mort à une nouvelle naissance, ce dernier s’élève de plus en plus au-dessus des conditions qui l’entouraient pendant sa

vie terrestre, il s’enfonce dans des sphères où tout est différent, et, maintenant que j’ai décrit la manière dont on accède à ces vérités par l’Initiation, je puis poursuivre l’examen de ces conditions successives.

Notre croissance dans le monde spirituel nous permet de prendre contact avec des Entités qui sont de plus en plus sublimes. Dans la région de la Lune, nous nous trouvions avec des Entités qui avaient vécu sur notre terre. Mais déjà, dans cette région de la Lune, nous nous trouvions aussi avec des Entités qui nous conduisent d’incarnation en incarnation : ce sont les Entités que j’ai désignées dans mes livres sous le nom d’Anges, d’après l’ancien terme chrétien. Lorsqu’on jette un

regard rétrospectif sur le temps de sa première enfance, lorsqu’on fait en initié cette expérience dont je parlais tout à l’heure, on contemple ce qui a été l’action du monde des Anges sur l’homme. Voyez avec quelle merveilleuse beauté certaines vérités spirituelles se révèlent à l’instinct des hommes les plus simples, ces vérités sont en même temps celles de la plus haute sagesse initiatique. Oui, en vérité, lorsque nous étudions la région de la Lune, et que nous revoyons notre première enfance, ce que nous contemplons est la vie agissante du monde des Anges.

À l’époque où des forces plus énergiques s’affirment dans l’enfant, lorsqu’arrive l’âge scolaire, nous voyons agir les Archanges. Cette action des Archanges se manifeste dans le monde de Mercure. Être dans la région planétaire de Mercure, c’est être dans le monde des Archanges. Et lorsque l’homme a dépassé la puberté, lorsque, dans sa vision rétrospective, il revit cette troisième période de vie, qui va de la quatorzième à la vingt-et-unième année, il voit apparaître les Mystères de Vénus. Il apprend alors quelles sont les Entités principalement liées au monde de Vénus : ce sont les Entités de la hiérarchie des Archées ou Forces Originelles. Et il voit se révéler alors une vérité qui le frappe au plus haut point ; contemplant les Entités qui sont liées au monde de Vénus et qui se manifestent dans la vie humaine après la puberté, il constate que ces Entités sont les Forces Originelles qui ont présidé au commencement du monde. Ces Forces Originelles qui furent liées à la génération du Cosmos sont encore agissantes, comme en un reflet, dans la génération de l’homme.

Par là se manifeste la grande correspondance qui unit le Cosmos à l’existence humaine.

On accède ensuite à la contemplation des Mystères du soleil. Ce soleil, qu’est-il, somme toute, pour nos physiciens actuels ? Un ballon de gaz en incandescence. On dit que là brûlent des gaz qui répandent chaleur et lumière. C’est une représentation enfantine, très enfantine aux yeux de la connaissance spirituelle. Les physiciens seraient très étonnés s’ils arrivaient jamais à organiser une expédition jusque dans le soleil. Ils y trouveraient toutes choses fort différentes de ce qu’ils avaient imaginé. Car il n’y a dans le soleil aucun monde gazeux. Ceux qui s’y aventureraient ne seraient pas dévorés par des flammes. Ils seraient anéantis, détruits par une dispersion totale, car

qu’y a-t-il réellement en cet endroit où nous voyons le soleil ?

Sur la terre, lorsqu’on marche à travers l’espace, on rencontre des obstacles contre lesquels on peut se heurter. Ce qui caractérise la pièce où nous sommes réunis, c’est que certaines parties de l’espace sont occupées par des chaises et des auditeurs, les autres parties sont vides. Si j’enlève les chaises et les auditeurs, il n’y a plus ici que l’espace vide. Or, l’espace peut être bien plus vide encore. Il y a des choses qu’on ne connaît pas sur cette terre, mais qui se réalisent au sein du vaste univers. Là-bas l’espace peut devenir vide de lui-même, de telle sorte qu’il n’y ait plus d’espace.

Prenons comme exemple ce qu’on appelle l’eau de Seltz. Il y a dans cette eau de petites perles qui sont moins denses que l’eau, et ce sont les perles que l’on voit, non l’eau. De même si l’on regarde à travers l’espace, on ne voit rien, mais là où l’on voit le soleil, il y a encore moins que de l’espace.

Représentez-vous que l’espace même n’existe plus. Il est évident que si l’on entrait dans ce vide total, on serait aspiré et anéanti. Ainsi, là où nous voyons le soleil, il n’y a rien, rien de physique, même pas d’espace. Mais il y a de la place pour ce qui est spirituel. Tel est le soleil en réalité, et nos physiciens en seraient très surpris. C’est seulement au bord de cet espace que se trouve quelque chose d’analogue aux hypothèses des physiciens, des gaz brûlants qui constituent la couronne du

soleil, mais, à l’intérieur de cette couronne, rien de physique, rien de spatial. Il n’y existe plus que pur esprit. Là se trouvent les trois Hiérarchies que nous nommons Exusiaï, Dynamis, Kyriotetes.

Elles sont présentes au sein de l’existence solaire ; après avoir traversé la sphère de Vénus, nous entrons dans cette sphère des Hiérarchies. Et lorsque, étant plus âgés, nous revivons cette partie de notre vie qui s’étend de 21 à 42 ans, nous y trouvons, en un certain sens, un reflet de la splendeur solaire. Parmi ces Hiérarchies, Exusiaï, Dynamis, Kyriotetes, nous passons la plus longue période de notre existence spirituelle entre la mort et la nouvelle naissance.

Lorsque l’homme pénètre dans cette région solaire tout, à ses yeux, devient très différent de ce qu’il était habitué à voir dans le monde terrestre. Sur cette terre, par exemple, si nous avons de bonnes intentions, nous essayons de bien agir, ce qui nous réussit plus ou moins, alors qu’à d’autres, ayant de mauvaises intentions, tout paraît réussir et, lorsque nous résumons, après quelques années, ce qui est arrivé aux uns ou aux autres, nous nous persuadons bien facilement que les bonnes intentions, que les bonnes actions n’ont pas toujours des suites heureuses. Il semble bien que, souvent, les bons soient punis sur cette terre, et les méchants récompensés. Nous n’apercevons aucun rapport entre la vie morale et les réalités de la vie physique. Par contre, tout fait physique entraîne des conséquences logiques ; la force magnétique, par exemple, a cette conséquence forcée

d’attirer le fer. Seuls les effets des causes physiques se réalisent durant la vie qui précède notre mort.

Cette causalité physique n’existe pas au sein de l’existence solaire. La causalité morale y règne seule. Là, chaque fait moral a le pouvoir de se réaliser d’une manière adéquate à sa nature, de sorte que l’acte bon entraîne des formes d’existence qui répandent le bonheur, tandis que l’acte mauvais provoque des formes d’existence malheureuses. Tout ce que l’homme a nourri de bonnes intentions, fût-ce sous forme de pensée infime, devient réalité dans l’existence solaire, réalité perçue

par les Exusiaï, les Dynamis, les Kyriotetes. L’homme est alors contemplé par les Entités de la région solaire qui voient de quelle manière il a pensé, senti, vécu et accompli le bien. C’est

pourquoi je ne saurais vous donner de cette région solaire une description théorique. On ne peut définir théoriquement la manière dont y réagissent nos actes et nos intentions. On ne peut que donner à celui qui écoute ce sentiment : Toute bonne pensée, dans la sphère terrestre, crée, pour la vie dans la région solaire, un lien qui unit aux Dynamis, aux Exusiaï, aux Kyriotetes. Les bonnes pensées donnent le droit d’être en rapport spirituel avec ces Entités. Mais les pensées mauvaises

doivent être abandonnées dans la région lunaire avec une partie de l’être lui-même. Il devient alors un solitaire, sans aucune union, avec les Exusiaï, les Dynamis, ni les Kyriotetes. C’est ainsi que, dans le monde solaire, grâce à notre communauté avec ces hautes Entités, le bien moral devient une

réalité effective. Lorsque nous n’avons pas pensé le bien, nous sommes inaptes à comprendre leur langage spirituel, et lorsque nous n’avons pas accompli le bien, il nous est impossible de nous présenter devant elles. Tout, dans la région solaire, devient réalité agissante, causalité agissante du bien. C’est là ce que, pour l’instant, je voulais vous dire de ces choses. Nous poursuivrons demain ces considérations.